|
1995,
LD 116 |
Peuplé
de nuages, ou semé d’astres,
le ciel devient un paysage. |
1995,
LD 135 |
J’ai
une bibliothèque aussi maigre que possible
que j’entretiens comme un jardin, en désherbant
souvent. |
1995,
LD 148
|
Je
subsiste au ralenti, sur mes réserves…
Je mange des raisins devant la cheminée. |
1995,
LD 160
|
On
n’entend jamais dire « un lion de bibliothèque »,
comme on dit un rat. |
1996,
LD 181 |
Un
Dimanche au [café] Phylloxéra, je vendais des
revues, dans un carton sur lequel j’avais tracé
cet habile slogan : STOP AFFAIRE !, ça
me faisait rigoler. |
1996,
LD 184 |
Le
1er Mai m’emmerde, comme le 14 Juillet. |
1996,
LD 185
|
Monsieur,
veuillez avoir l’obligeance de ne plus m’envoyer
les suppléments au Monde Libertaire, que je n’ai
pas demandé à recevoir et qui ne m’intéressent
pas.
D’avance, merci. |
1996,
LD 193
|
Les
Indiens d’Amérique du Nord, L’Amérique
Indienne, etc. Tous ces albums sont remplis de belles images
et aussi hélas de bons sentiments. Pas un mot sur les
coutumes de guerre, les sacrifices, les rites sanglants. Les
Indiens étaient de doux écolos mystiques, faisaient
du camping sauvage, s’intéressaient à l’astronomie
et avaient
de jolis objets un peu comme chez Ikéa. |
1996,
LD 203
|
Je
suis par goût sensible à la diversité
des langues […]
Je goûte aussi bien la variété des langues
voisines,
que la totale étrangeté des plus lointaines. |
1996,
LD 205 |
Quoi
de plus atterrant que le spectacle d’un Hue ou d’un
Blondel, plaçant des « dans ce pays »
à tout bout de phrase, en faisant des gestes avec leurs
pattes de devant. |
1996,
LD 205 |
Le
Professeur G., du temps que j’étais étudiant,
avait fait une digression pour nous informer que l’on
amadoue les femmes par la voix, comme les chevaux. |
1996,
LD 207 |
Ces
gens pratiquaient entre autres des formes
d’art contraires à la dignité humaine, comme
le happening. |
1996,
LD 208 |
Je
précise que je n’ai rien à voir avec le
Philippe B. adorateur de Napoléon à la page 36
[de Elles Sont De Sortie n°45]. |
1996,
LD 212 |
La
diapositive : petit vitrail du pauvre, si commun, mais
petit vitrail moderne, si commode. |
1997,
LD 220 |
Le
mot joli est joli, mais le mot beau n’est pas beau. |
1997,
LD 224 |
Chaque
fois que je tombe sur le mot « pertuis »,
je regrette un peu plus qu’il ne nous reste que l’horrible
« trou ». |
1997,
LD 227 |
Les
terroristes algériens d’aujourd’hui tirent
à l’extrême
la régression vers l’archaïque, par le retour
au sacrifice humain. |
1997,
LD 239 |
Au
vu des quelques villes que je connais, il me semble qu’une
des caractéristiques les plus significatives de l’urbanisme
contemporain est ce que l’on pourrait appeller le phénomène
de terrassisation du monde : soit la tendance du monde
à se transformer en terrasse de café. |
1998,
LD 262 |
Pour
un tempérament d’aventurier comme le mien, rien
n’est plus déprimant que de décrocher le
téléphone et d’entendre la voix de ma mère
me demander de but en blanc : « T’es
encore enrhumé ? ». |
1998,
LD 273 |
Croix-Comtesse,
centre du monde, merveilleux village des vacances de mon enfance. |
1998,
LD 291 |
Horreurs
de la biologie. Soudain votre petit n’est plus un petit :
c’est un jeune. |
1999,
LD 310 |
En
français, nos membres féminins (jambes) ont des
terminaisons masculines (pieds) et nos membres masculins (bras)
ont des terminaisons féminines (mains). |
10/1999,
LD 312 |
Je
n’aime pas le tam-tam. |
11/1999,
LD 314 |
Une
petite pousse, est-ce une poussette ?
Une petite vigne, est-ce une vignette ? |
11/1999,
LD 315 |
Après
quelques années d’absence, un besoin temporaire
me fait me réinscrire à la Bibliothèque
Municipale. Sur la fiche de renseignements, à la rubrique
« Emploi », je déclare
« Agent Secret ». Le fonctionnaire,
blasé ou distrait, ne moufte pas. |
2000,
LD 334 |
Je
ne connais pas de plus beau nom de pays que celui de Honduras :
« profondeurs ». |
31/12/2000 |
Y
a-t-il en France un seul homosexuel qui, pour sauver l’honneur
des homosexuels, ait fait observer que la « Gay
Pride » est ridicule ? |
31/09/2000,
LD 334 |
Découvert
qu’il existe en Charente Maritime un village au nom ingrat,
pitoyable, presque révoltant : Blouc (entre Loulay
et Lozay) |
05/2000,
LD 329 |
Rêverie :
former un Comité pour l’internement de Michel Serres. |
04/2000,
LD 327 |
On
ne songe pas assez qu’une simple inversion de sujet peut
suffire à donner un tour poétique aux expressions
les plus prosaïques. Que ne parle-t-on plus souvent de
sociale sécurité, de basque pays, de noire marée,
etc. |
31/01/2001 |
On
entend encore certains romanciers ou cinéastes raconter
que les personnages de leurs fictions mènent en quelque
sorte une existence indépendante de la volonté
de l’auteur. Moi, j’ai beau faire, ces personnages
me paraissent toujours aussi libres que les marionnettes
sur la main du montreur. |
31/01/2001 |
Je
ne suis pas absolument contre la peine de mort. Mais s’agissant
des enculés qui fabriquent, vendent ou posent des mines,
je serais pour une peine de mine. |
03/2001,
LD 348 |
Trilogie
moderne : Gras, Italique, Souligné. |
12/09/2001 |
Il
n’aura pas fallu attendre bien longtemps, après
les stupéfiants attentats d’hier, pour entendre
les misérables échos de l’anti-américanisme
de caféteria. Les actes les plus furieux, inspiré
par la barbarie la plus abrutie, n’éveillent chez
certains que des pensées immondes,
des pensées à leur niveau. |
22/11/2001 |
Guy
Debord voulait nuire à la société, il n’aura
fait que l’émerveiller. |
21/01/02,
Etudes 2 |
En
allant à la médiathèque samedi dernier,
je m’étais aperçu que dans le parking en
face, un vieil if souffrait de
2 anneaux de fil de fer, jadis fixés autour du tronc,
et qui maintenant s’enfoncent dans l’écorce.
Cet après- midi, par grand soleil, bravant le risque
de paraître bizarre, je me suis rendu sur place, armé
de tenailles, et j’ai délivré l’animal. |
01/06/03,
Etudes 1 |
On
lit communément 300 pages, pour y découvrir les
3 phrases dont on voudra se souvenir, et que l’on se donne
la peine de copier. |
7/2003,
Etudes 2 |
Chacun
sa croix. Moi, ma croix c’est la Croix-Comtesse.
J’y viens quand je le peux, me plonger dans l’angoisse
agricole, comme pour faire pénitence. |
6/2003,
Etudes 1 |
Lu
« Volkoff lapidaire : 314 aphorismes extraits
de l’œuvre de Vladimir Volkoff »
(ed. L’Age d’Homme, 2000). Comme ces pensées
me déçoivent un peu, je trouve l’idée
du livre meilleure que le résultat. |
3/2004,
BlOb |
Chaque
fois que je nettoie le sol au pied des arbustes dans mon jardin
de la Croix, je ramasse des cailloux qui n’apparaissaient
pas quelques semaines plus tôt, ou seulement quelques
jours, et j’ai l’impression que la terre, lassée
de les mâcher depuis l’éternité, vient
enfin de les recracher. |
13/04/2005,
BlOb |
Le
chat me plaît, entre autres raisons, par sa capacité
de vivre discètement. |
18/06/2005,
BlOb |
Le
plus vieux troène de mon jardin fait une belle boule,
dans les 3 mètres de haut sur 4 de large. Comme il est
en fleurs, quantité d’abeilles s’y activent
toute la journée, bourdonnant à tout va. Et quand
vient le soir, les bêtes parties, on a l’impression
qu’il est débranché. |
06/06/2005,
BlOb |
Mon
anniversaire. 49 ans. Occasion d’inquiétude, pour
changer. 3 personnes, 3 dames, ont pensé à moi.
D. venue ce week end m’apporter un bon livre, ma mère,
qui m’a envoyé de l’argent, et Véro,
passée ce matin avec une corbeille de cerises et d’œufs. |
24/12/2005,
BlOb |
Je
ne m'étais jamais demandé ce qui me déplaisait,
au juste, dans le nom du métier de bibliothécaire.
Je viens de réaliser que c'est son énormité
: pas moins
de cinq syllabes, quatorze lettres, un vrai nom de pithécanthrope,
on aurait pu trouver plus léger. |
14/01/2006,
BlOb |
Il
y a chez les opprimés de nos jours un goût du vêtement
large et mou comme un pyjama, qui leur donne cet air toujours
près du matelas. |
05/03/2006,
BlOb |
Pour
moi l'agitation et le grouillement n'ont aucun attrait, je recherche
au contraire les villes inanimées. |
16/03/2006,
BlOb |
Je
ne sais plus ce qui se passait au juste mais je me souviens
que je marchais dans une rue déserte et que je me disais
: c'est tout de même étrange que je sois ainsi
torse nu, en pleine nuit, à la mi-mars, et que je n'aie
pas froid. J'étais, bien entendu, au pays où tout
est bizarre, celui des rêves. |
18/03/2006,
BlOb |
Que
les chômeurs soient dans l'ensemble des feignants, cela
ne fait pas de doute à mes yeux et j'en suis le vivant
exemple. |
|
.
. . . . . . . . . . . |
1988,
DP 2 |
[Lettre
à JEAN-LOUIS DAVID, coiffeur] J’ignore qui a
eu l’humour de vous donner mon adresse, que vous avez
d’ailleurs copiée en faisant une faute d’orthographe
à mon nom, mais vous tombez fort mal. Outre que je n’ai
plus, hélas, les 20 ans, qui me permettraient de bénéficier
de votre remise, il se trouve que je n’ai ni l’habitude,
ni l’intention de consacrer à l’aspect de
ma chevelure les sommes que vous demandez. Au reste, je dois
vous avouer que je me contrefous d’avoir une coupe « absolument
88 » et que, quand même ce ne serait pas le
cas, la simple idée de ressembler, ne serait-ce que de
loin, à la risible touche de vos mannequins, suffirait
à m’en décourager. |
1995,
LD 148 |
[Lettre
au CALCRE, annuaire des petits éditeurs :]
Je ne vois pas ce qui vous permet de qualifier de «torchonnée»
la présentation de mes Lettres, qui est impeccable. Et
il est faux de prétendre qu’y «fleurissent
parfois», comme vous dites, «des diamants»,
alors que c’est sans arrêt : je ne publie que
des grands maîtres et
pas des petits intellos de 3e zone comme les branleurs
qui rédigent vos insipides notices. |
|
|
|
choix
: Laurent Fairon
|
|